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Lors d'un stage en entreprise, Jérémy a développé les symptômes d'une anxiété sociale : manger en public.
Peu à peu, cette peur panique d'être observé par les autres en train de prendre son repas a pris le contrôle de sa vie, de ses relations et de sa santé mentale.
Jérémy nous raconte dans cet épisode l'apparition de ses troubles et son combat pour lutter contre sa phobie sociale. En bonus, il nous livre quelques méthodes qui ont marché pour lui.
Bonne écoute !
Jérémy : Bonjour, je m'appelle Jérémy, j'ai 30 ans et je fais pas mal de choses dans la vie, et notamment de l'anxiété.
Jérémy : Non, ce n'était pas après un événement particulier, c'est quelque chose qui s'est installé petit à petit. J’ai toujours été quelqu'un d'anxieux, déjà depuis tout petit, mais j'ai vraiment développé des symptômes anxieux, un peu chauds, un peu costauds au début de la vingtaine, quand j'étais étudiant en études supérieures et notamment lors d'un premier grand stage en entreprise.
Pour moi, ça s'est manifesté par une peur de manger en public. C'est donc une forme d'anxiété sociale. Ça, je l'ai appris plus tard en consultant des psys. Une forme d’anxiété assez commune. C'est qui s’est passé, c’est que j’étais dans une entreprise. Et au début, tout allait bien.. Et puis, un jour, j'ai eu des difficultés à manger le midi. Ce qui se passait, c’est que ma gorge se serrait, j'avais des nausées. Je n'étais pas bien. Ca s'est installé petit à petit comme ça.
Jérémy : C’est allé crescendo. En fait, ce qui s'est passé, c'est que ça s'est vraiment manifesté comme ça. Moi, je ne comprenais vraiment pas du tout ce qui m'arrivait. J'avais l'impression que tout allait bien dans ma vie, puis ça s'est mis en place comme ça. C'était ça : dès qu'il s'agissait de manger en public, en particulier avec des gens que je ne connaissais pas ou quand on était dans un cadre un peu formel, par exemple, un déjeuner avec un client ou même le self le midi dans l'entreprise, ce genre de choses, je me retrouvais face à mon assiette et je n'arrivais à rien avaler. Ma gorge était complètement serrée, j'avais mal au ventre. Et puis du coup, comme ça, ça se met en place. Et comme on ne comprend pas ce qui se passe, on anticipe les choses, on anticipe plus, cela alimente l'anxiété.
Jérémy : C'était un peu compliqué d’'y échapper. C’est un truc qui paraît complètement irrationnel. C'est complètement irrationnel. Mais ce qui se passait, c'est que je mangeais très peu le midi. Du coup, ça a été une période où je n'étais vraiment pas très bien. Après, ça s'est déplacé, ça s'est accentué parce que je dormais très peu, je dormais mal, parce que j'étais un peu bouffé par mon angoisse. Le matin, j'avais des nausées un peu fortes, voire je dégobillais avant de partir au travail.
Jérémy : Ça, ça a mis du temps parce qu'au début, je n'en parlais pas et je n'osais pas en parler. Je me disais, on va me prendre pour un taré. J'en ai parlé juste à ma copine de l'époque, qui était complètement démunie, ce que je comprends. On était jeune, elle ne savait pas comment réagir face à ça, elle ne comprenait vraiment pas du tout ce qui m'arrivait. Elle pensait que je n’y mettais pas de la bonne volonté, que c’était aussi simple que ça.
Jérémy : C’est ça. Il y a eu une période comme ça, un peu longue, un peu compliquée. Et puis, et puis après j'ai commencé à me dire qu'il fallait faire quelque chose. Je viens d'une famille de soignants, donc je leur en ai parlé, ils m'ont conseillé d'aller consulter un psy. C'est comme ça que j'ai commencé à sortir un peu de tout ça et j'ai aussi lu beaucoup de livres. J'ai lu pas mal de choses. J'avais besoin de comprendre ce qui m'arrivait. J'ai beaucoup lu, j’ai cherché des solutions comme ça.
Jérémy : C’est ça.
Jérémy : En fait, j'y pense un peu en rigolant, mais c'est assez emmerdant parce que j'avais un métier qui était un peu stressant, qui était exigeant, mais que je remplissais parfaitement. Et en fait, je me retrouvais dans des situations, par exemple, où je n'étais pas du tout stressé à l'idée de faire une présentation compliquée devant tout un tas de personnes. Ce qui me semblait compliqué, c'était l'après au moment où on allait déjeuner ensemble, au moment où on allait faire des choses comme ça.
Jérémy : Voilà, c'est ça. Et du coup, c'est vachement contraignant. Parce que bon, quand on est dans le monde de l'entreprise, on passe sa journée dans l'entreprise. Donc il y a forcément un moment où il y a la pause du midi qui arrive. Et puis après, ce qui était un peu pénible, c'est que ça a commencé à s’étendre un peu. Même le soir, par exemple, si je me retrouvais dans un restaurant avec des amis, ça commençait à s'étendre un peu à ce niveau-là. Donc même avec des gens de confiance, entre guillemets. J’avais l'impression un peu d'une pieuvre comme ça qui prenait le contrôle de ma vie. Donc ouais, c'était assez compliqué.
Jérémy : Je n'ai pas de journée en particulier qui m'a marqué. En tout cas, je ne m'en souviens pas. Mais c'est plus une période. Ça a fait un peu des hauts et des bas. Quand j'ai commencé à travailler dessus, il y a des moments où ça allait mieux, puis après ça revenait. Le pire c’était au début quand ça s’est déclenché. Je ne comprenais vraiment pas ce qui m'arrivait. C'est une période qui s'est étalée sur trois ou quatre, cinq mois et qui était vraiment vraiment compliquée.
Jérémy : Complètement paumé. Je ne dormais pas, je mangeais très peu et du coup, j'étais épuisé, crevé et j'essayais de faire bonne figure socialement parlant, mais au fond de moi, j'étais vraiment au fond du trou.
Jérémy : Oui, aujourd'hui, je ne suis pas complètement, complètement débarrassé de ça, mais ça va beaucoup mieux. Je vis ma vie pleinement, je n'ai pas de blocage, tout va bien, tout roule. J'ai des réminiscences de ça parfois parce que comme ça a duré très longtemps, parce que le pire du pire, ça a duré quelques mois. Mais après, j'ai mis des années avant d'arriver à travailler là-dessus et à trouver des moyens de me sortir de ça. Et en fait, comme le cerveau, c'est quelque chose d'élastique, donc c'est un peu comme des réflexes et en fait, pendant des années, mon cerveau associait de manger en public avec quelque chose de dangereux. Et du coup, forcément, comme une espèce de réflexe, même aujourd'hui encore, quand je me retrouve dans des situations comme ça, ça peut parfois ressurgir. Aujourd'hui, j'arrive à me calmer et à prendre du recul par rapport à ça.
Jérémy : J’ai mis au point des techniques de respiration ou des choses que j'ai apprises. Je prends du recul aussi. Quand je sens que les choses arrivent, je me calme. Je me dis “C'est bon, calme toi mec. Tu sais ce qui arrive, pourquoi ça arrive. Tout va bien. Tu vas pas mourir. Tout va bien se passer.” Donc, j'ai des pensées rassurantes. Je relativise. J'avais mis en place une technique il y a quelques années que je ne l'utilise plus. En fait, on écrit des espèces de pensées rassurantes comme ça sur des post-it. Et l'idée est de les lire régulièrement pour justement désensibiliser son cerveau. Par exemple, tu vas écrire “Personne ne fait attention à moi quand je mange, je n'ai pas de raison de stresser ou quoi que ce soit.” et donc je lisais ce truc, une dizaine de post-it comme ça que le lisais pour l’ancrer dans mon cerveau.
Jérémy : Ouais, il y a des gens qui recommandent de faire ça par exemple sur le miroir le matin dans sa salle de bain. Moi, c’est plus un truc que j'avais sur moi en permanence et que je lisais soit que je m’astreignais à lire le matin en me levant ou le soir.
Jérémy : Ouais, tu parlais tout à l'heure de combattre la maladie. Moi, je dis je suis un peu sorti de cet aspect là, dans le sens où je ne le vois plus comme un combat. Parce que ça m'a apporté énormément de trucs avec du recul. Je suis quelqu'un qui est assez dissocié de ses émotions et en fait, ce qui se passait quand ça s'est déclenché, ces choses là, c'est que j'étais dans un environnement qui me convenait vraiment pas du tout. J'habitais à Paris, je travaillais dans une tour à la Défense. Je me payais mon trajet habituel du matin, d'une heure, une heure et demie. Je faisais un taf qui m'intéressait pas du tout et je pense que j'étais embarqué dans un truc assez classique qui ne me convenait pas du tout. Et ce qui m'est arrivé, je le vois aujourd'hui un peu comme une alerte que mon corps a émis et qui m'a obligé à me poser certaines questions.
Le positif que je tire de tout ça, c'est qu'aujourd'hui, j'ai un mode de vie qui est beaucoup plus en phase avec qui je suis, avec ce à quoi j’aspire. Et si je n'avais pas eu ça, peut-être que je serais encore dans ma tour. En fait, ça m'a poussé vers le fait de calibrer ma vie comme je l'entendais et c'est comme ça que je le vois aujourd'hui. Aujourd'hui, je le vois comme une espèce de lanceur d'alerte. Quand des symptômes ressurgissent de manière forte, je prends le temps de me poser, de me demander pourquoi ils ressurgissent. Est ce qu'il y a quelque chose de mauvais dans ma vie qui ne me convient pas ? Et si c'est le cas, est-ce que je fais fi de ça ? Parce que des fois, ça peut être un peu ridicule ou irrationnel. Ou est-ce qu'au contraire, je me dis “Bon, bah là, c'est quelque chose qui ne va pas. Je n'ai pas envie de ça et je le mets de côté.” Et depuis que j'ai mis ça en place, je ne dis pas que je suis débarrassé de ça complètement, mais je vis beaucoup mieux.
Jérémy : Exactement, c'est facile de le dire aujourd'hui avec du recul mais ça m'a vraiment permis ça. C'est le côté très positif du truc. Mais c'est vrai qu'effectivement, quand on est dans le dur du truc, c’est plus compliqué à appréhender.
Jérémy : Il y a les deux choses importantes que j'ai intégrées au fil des années par rapport à tout ça et qui m'ont vraiment permis de changer, d'aller beaucoup mieux aujourd'hui. La première, ça concerne peut-être plus les gens qui ont des formes d'anxiété comme celles que j'ai pu connaître, l'anxiété sociale qui est très centrée sur le regard des autres et la peur du jugement des autres. Et il y a un truc que j'ai fini par intégrer, c'est que la plupart des gens ont leurs propres problèmes et en fait, ils ne font pas attention à ce qui se passe autour d'eux. Parce que moi, j'étais terrifié à l'idée qu'on me juge et qu'on me critique parce que je n'arrivais pas à finir mon steak frites au self le midi, mais les gens n’en ont rien à foutre.
Jérémy : Exactement. C'est ça les gens ne te jugent pas, ils en ont rien à foutre. La plupart du temps, ils sont bienveillants, c'est ce que j'ai constaté. A partir du moment où on explique les choses, moi, j'avais peur qu'on me prenne pour un taré, en fait, 95% du temps, les gens étaient compréhensifs et plutôt bienveillants. Et donc, finalement, cette peur du regard des autres, qui alimentait fortement mon anxiété, était elle-même presque aussi irrationnelle que mon anxiété. Parce que la plupart des gens sont sympathiques, la plupart des gens veulent le bien.
Jérémy : Très peu. Le pire que j'ai eu, en fait, c'était plutôt de l'incompréhension. Par exemple, je parlais de ma copine de l'époque. C'était le côté ‘Je comprends pas. Je comprends pas, mais ça me parait impensable ton truc. Ça me paraît fou.” Mais c'était plus basé sur l'ignorance. La plupart des gens autour de moi étaient plutôt compréhensifs et je me suis rendu compte aussi que tout le monde avait des problèmes. Tout le monde a ses petits trucs et tout le monde essaie un peu de les cacher. Et puis, je me souviens par exemple m'être ouvert sur certains trucs et je me suis rendu compte qu'en face de moi, la personne avait par exemple terriblement peur de rougir en public. Je me souviens d'une personne aussi qui avait très peur d'avoir les mains moites quand elle rencontrait de nouvelles personnes, sa crainte c'était d'avoir les mains qui transpirent et de serrer une main en ayant la main transpirant. Et on a tous nos petits trucs comme ça.
Jérémy : C’est ça. Donc ça c’est ce qui concerne les autres. Et le deuxième conseil que je pourrais donner, c’est ce qui concerne soi. Tu vois, tu parlais de combat dans ta question, etc. Moi, longtemps, j'ai vu ce qui m'arrivait comme quelque chose qui était là pour me pourrir la vie et comme une espèce d'ennemi. En fait je le dissociais de moi. Je me disais il m'arrive un truc, mais c'est pas moi et ça me pourrit la vie. Et le jour où j'ai compris que ce qui se passait, ça venait de moi, c'était en moi. C'était ma gorge qui se serre, c’était mon estomac. C'était mon cerveau qui commandait à mes organes de faire ça. Bah, je me suis rendu compte qu'en fait, ce n'est pas extérieur à moi et du coup, j’ai arrêté de le considérer comme un ennemi. J'ai plutôt essayé de comprendre ce qui se passe et en gros, de me rassurer là. Il y en a deux et aussi de savoir que tu avais les cartes en main pour pouvoir faire évoluer les choses, peut-être exactement parce que si c'est ce qui se passe, ça vient de toi, t'as beaucoup plus de contrôle dessus que ce que tu penses.
Jérémy : Que rien n'est éternel. Il y a des gens qui nous écoutent aujourd'hui, qui sont dans cette situation, qui sont vraiment au fond du seau, au fond du trou. Moi, j'ai envie de leur dire que, au contraire, rien n'est éternel et qu'un jour, un jour, ça ira forcément mieux, un jour ça ira mieux et vous aurez agi, vous aurez fait des choses, ça ira beaucoup mieux.
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